Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
NJEL BA TADA
26 juillet 2011

"NLOO NJEL" LE VAGABOND 6

174493_100000154510824_4945725_qPour exorciser les démons de la fatigue en ce premier jour, il écoute sans mot dire les clameurs qui s'échappent de l'enclos aux bêcheurs. Elles accompagnent la dernière histoire du jeune KAMGA l'amoureux, dix neuf ans déjà mais d'une timidité excessive, presque maladive. Un collègue l'a aperçu la nuit dernière s'introduisant dans la case de MAMA NGOMBI. En vérité, un piège lui a été tendu après qu'il ait plusieurs fois refusé de dire la vérité que l'on voulait entendre sur la nature de ses relations avec la sexagénaire, quoiqu'on le soupçonnât fort sérieusement de se faire payer en nature certains travaux  qui devenaient pénibles vu l'âge de celle qu’on appelle « la vieille »

 Toutes les femmes du village, malgré leur don si aigu de dénouer les mystères les plus cachés autour d'une histoire de cœur, fut-elle la plus banale, ne formulaient que des hypothèses. Que KAMGA aide la MAMA à refaire son grenier, soit! Mais pourquoi range t-il certains vêtements là-bas? Que diable va t-il y chercher aux heures bien tardives de la nuit, au point qu'on l'aperçoive rentrant de chez la sexagénaire certains matins seulement ? Comme des chasseurs de prime sur les traces de leur victime, les femmes du village se sont penchées sur le sujet. Après tout, il faut bien que circulent les nouvelles, il paraît que cela les rafraîchi. Mais jusque là, ce ne sont que des (rumeurs) "KONGOSSA.

 Les collègues veulent en savoir plus. Ils ont donc sacrifié quelques nuits de repos pour avoir ce qu’ils veulent. N'oublions pas que nous sommes à NKONDJOCK, et qu'ici les cours de la Sous Préfecture, de la Mairie, de l'école, de la Gendarmerie et de la SDN se touchent. Quand il y en a pour un, tout le monde doit le savoir.

Une nuit de pleine lune, alors que KAMGA, tel un chat sauvage en quête de … proie s'aventure vers la case de MAMA NGOMBI, trois de ses collègues qui campent tout à proximité depuis des heures le voient entrer et ressortir au petit matin, ses vêtements de la nuit dernière sous le bras.

 Ça y est! Le charognard s'est repu de la proie facile. Ici, MAMA NGOMBI n'a plus le droit de s'abandonner aux jeux des corps qui s'enlacent, des cœurs qui battent la chamade sous les râles et finissent par s'abandonner l'un à côté de l'autre dans des respirations saccadées suivis des ronflements, témoins d'un profond sommeil.

Mais y a  t-il d'âge pour cela? Le père François ne peut quand même pas être soupçonné de mensonge! En lisant dans son grand livre noir aux bordures rouge, il a raconté à ses fidèles à côté de DISSOUK l'histoire d'une certaine SARA qui a bien enfanté à plus de quatre vingt dix ans d'âge. Hum ! Autant le dire, son compagnon n'en avait tout de même pas dix neuf, plutôt cinq fois plus. Ici, toute femme congénère de ta mère est ta maman; la sienne est ta grand-mère et toutes sont sacrées, ON N'Y TOUCHE PAS. Personne n'a pas le droit de pratiquer ce malin jeu des cœurs et des sens qui par naturel désir se mettent tout d'un coup en révolte contre la raison, et passé un certain âge toute personne est invitée à regarder la chose avec recul.

A part quelques vieilles personnes du village, on ne sait pas grand-chose de MAMA NGOMBI. Elle y est née, elle y vieilli sans avoir eu de mari officiel. Pourtant, elle est une bien belle femme. Ce n'est pas faute de prétendants, elle en a même eu plusieurs. C'est le vieux SAMPEL qui le raconte parfois sur la place publique lorsqu'il a bien bu son vin de palme. Il paraîtrait qu'à force d'attendre le vrai prince, elle a laissé filer tous les autres après en avoir goûté, et c'est peut-être là que se cache le secret du silence de tous les hommes de sa génération. Lorsqu'on a fondé son foyer, on cache toute sa vie de célibataire sous une grosse pierre et on n'y revient plus. C'est cela un peu partout chez ces gens de la côte; ça ne fait pas forcément des ménages heureux, mais cet attitude les préserve de quelques disputes lorsqu'on a opté pour vivre officiellement à deux ou à dix et qu’on a des enfants à éduquer selon les préceptes des ancêtres.

Publicité
Publicité
Commentaires
NJEL BA TADA
Publicité
NJEL BA TADA
  • Blog dédié à l'amour pour les cultures de nos ancêtres, simplement humains ! Il reçoit tous les textes, avec une préférence pour ceux qui invitent à l'amour pour l'autre et sur la route nos traditions.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
Publicité