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NJEL BA TADA
30 août 2011

NLOO NJEL 12

Voici la porte !  YOHA s'arrête, regarde à l’intérieur de la pièce, l'occupant du petit174493_100000154510824_4945725_q bureau. Il est évasif, un peu sur ses gardes. L'autre, absent, regarde en silence le mur blanc devant lui.

-         Es-tu toujours là? lance la petite voix de femme qui retentit de la pièce d'à côté.

-         Heu …! Oui madame.

-         Mais pourquoi ne dis-tu rien?

-         MA SI REM (je ne sais pas), lance t-il inconsciemment.

-         De qui est la carte postale?

-         D'une femme. VI… VIT…VITO… RINE

-         Victorine, Victorine mon cher!

-         Oui madame. Victorine est-elle aussi à lunuvécité?

-         Va donc savoir! Je sais seulement que c'est son morceau de sucre, et qu'ils vont bientôt se marier. Elle a profité de son passage ici les vacances dernières pour nouer leurs fiançailles à la Mairie locale. J'ai même entendu dire que la robe et le costume ont été commandés en France.

Le planton écoute, la main sous le menton.

-         tu sais, mon cher, l'époque est révolue où une fille n'était bonne qu'à cultiver le champ en compagnie de sa mère, nourrir son mari plus tard et lui donner des enfants. Comme ta mère. Seul ce village reste dans ses traditions. Ailleurs, tous les hommes sont comme mon mari qui est sorti de l'Université sept ans avant Fred. Ils font le ménage et la cuisine quand leurs épouses travaillent comme eux dans un bureau. Chacun à son tour va chercher les enfants à l'école. tiens! Ce soir d'ailleurs, c'est mon mari qui fait la vaisselle.

-         Et tu crois vraiment qu'il est content de la faire?

-         Hum! S'il ne la fait pas, c'est le dos.

-         Quoi? Lance l'homme en sautant de son siège. 

-         Oui, mon cher, le dos. En tous cas, je le laisse libre face à ses responsabilités. Mais je sais qu'il m'aime aussi beaucoup. Pour cela seulement, il serait prêt à tout.

-         Tu l'aimes aussi, madame?

-         Oh! Oui, comme tu ne peux l'imaginer. même que je le lui dis souvent, sans oublier les petits cadeaux. Tu sais, vous êtes tous de gros bébés qu'il faut couvrir de câlins tout le temps.

 Le planton change de position, regarde autour de lui comme s'il cherchait un point d'appui. Il sort alors un carré de tissus marron  plié en quatre de sa poche, le déplie lentement, se couvre le nez, y  souffle à tout faire voler et remet la pièce dans sa poche.

-         Vous avez beaucoup de chance de vous faire aimer de la sorte. De mon temps…,

-         Je vous le dis, rapplique la femme qui n'arrêtait pas de se racler la gorge pendant la toilette nasale de son interlocuteur. Je vous dis que votre époque est passée, c'était de la brimade pour les femmes.

-         Enfin, je vous crois madame, reprend l'homme avec conviction. Je vous jure que je vous crois. Les époques diffèrent les unes aux autres, les sagesses aussi. A la nôtre, ce sont les femmes qui faisaient tout dans la concession comme vous le dites parce que les hommes s'occupaient de tout le pénible restant. Ils dirigeaient le village, définissaient les rites, veillaient sur les prescriptions, comme l'avaient ordonné nos ancêtres. Aujourd'hui, nous en avons la lourde tâche, mais l'étranger veut tout changer. Vous travaillez dans les bureaux comme vos maris, vous faites ensemble le ménage et la cuisine…! C'est vraiment nouveau.

   La femme ne dit rien, l'homme continue.

-         Cette sagesse de nos ancêtres a vieilli. La femme donnait la vie; et l'homme, la mort. La femme donnait des enfants à la vie, cultivait les champs et faisait à manger pour entretenir cette vie. L'homme abattait les arbres, chassait le gibier, pêchait le poisson. Il y a bien des activités qui ne se ressemblent pas, mais celles qui occupent une famille se complètent. C'est en respectant ces grandes lignes laissées par les fondateurs de nos ethnies que nous nous organisions et fondions tous nos projets. Aujourd'hui que tout a changé, l'important reste que vous viviez heureux dans vos couples et qu'il n'y ait qu'un homme et une femme dans la vie de chaque foyer, ceux là même qui l'ont fondé.

-   Ne sois pas si pessimiste pour la classe des hommes, mon cher, le mien est très heureux de vivre ainsi, c'est ce qui prouve sa fidélité de tous les jours.

Le planton souri en pensant à la Renault 4 fourgonnette blanche à l'unique phare qui vient doucement deux fois par semaine, presque toujours à la même heure se garer derrière sa case au quartier des autochtones. L'homme qui en descend n'est pas à proprement parler son confident. C'est le mari de la secrétaire, un grand Responsable à la SDN; s'il est découvert, il saura rapidement de qui vient la trahison. Même, ne faut-il pas garder quelque part en soit un fond de collaboration masculine? Les femmes en font autant. Jamais elles ne dénoncent une fautive, sauf quand enfin arrive l'heure du grand déballage. Alors tout se fait dans la cour, devant maris, enfants, étrangers et basse cour.

Le mari de la secrétaire camoufle toujours sa voiture à cet endroit du quartier et refait deux kilomètres à pied dans le sens inverse. Là, l'attend dans une modeste case en caillebotis protégée du village par un mur naturel de rochers et quelques cocotiers vieillissants, une grosse brune venue de la ville elle aussi. Elle boit sa bière à même la bouteille dans les bars où elle passe la journée à rivaliser de plaisanteries avec tous ces vieux garçons qui ne sont jamais partis de leur territoire. Elle est admirablement sympathique!

Lorsqu'elle est dans ces lieux, sa place préférée est le beau milieu du comptoir, assise sur trois casiers (vides) superposés, jambes croisées sous sa jupe jeans à quatre poches plaquées devant et derrière; elle soigne ses lèvres et ses beaux ongles toujours bien vernis de rouge qui terminent deux bras robustes et garnis de bijoux en métal doré. Lorsqu'elle est arrivée au village par l'unique route, tout le monde croyait qu'elle était simplement de passage. Mais c'est de l'histoire ancienne. Elle est là depuis sept ans. Elle boit, elle cause et… elle s'amuse. Attention, pas avec n'importe qui! Il faut dans tous les cas avoir un bon rang là bas à la SDN, savoir satisfaire ses caprices à coups de CFA sur la table. Bof! Il faut aussi tout simplement de temps en temps revenir en vacances comme  ce petit collégien, fils de Responsable et  beau frère de madame la secrétaire que monsieur n'aime jamais voir revenir à NKONDJOCK, mais qui sais pourquoi? Lorsqu'il arrive, tous ces vieux garçons qui savent payer les bons services prennent congé, même le mari de madame la secrétaire se force à la rareté.

La grosse brune est respectée dans toute la contrée. Elle a réussi à se faire appeler  " NGONDA" par rapprochement à un certain idéal de beauté interne et externe que les jeunes villageois se représentent. C'est leur Mona Lisa, leur Maryline M…

Si c'est ce que produit la ville, se dit toujours tout bas le petit planton, je ne regretterai jamais de n'y avoir pas été. Mais il y a tout de même là-bas cette grande école qui forme les gardes des Députés. Celui qui l'année dernière était tapissée de médailles et de stylos, ainsi que le fiancé de VI -TO- RI -NE qu'il aurait aimé avoir pour gendre en sont certainement sortis.

 

 

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