MAIS QUI EST DONC CET ENFANT PRODIGUE ?

Mon père assis jambes croisées devant son ami ce jour que ma mère appelait dimanche, recevait chaque fois de la main d’un plus jeune qu’eux assis à proximité, une mesure de vin de palme dont ce dernier tenait la dame-jeanne posée en équilibre sur la cuisse, en s’exclamant : Ndig njut. Man ndôg bana bôt, a yi bé li pom to li kèg. Ndi i nyuu li lèègè mbôndoô i ma oog yo tama, bi baahus bi pam nyè munu di noo !

Ma mère toute de blanc vêtue, revenait de chez les autres où ils avaient chanté, prié et passé le reste de leur temps à taxer d’enfants prodigues dont on attendait le retour, tous ceux du village qui ne se retrouvaient dans cette nouvelle église construite là, où un des fils du lieu officiait depuis son retour de chez les autres.

Enfants Prodigues, repris ma mère qui ne voulait pas discuter avec nous, égarés. Leçon nouvellement retenue à l’office : "Votre corps et votre cœur restent la temple de Dieu, il attend votre retour. Fils de Satan, progéniture de vipère, vous serez vaincus par la force du Tout puissant."

HA YAAAAAAA ! Apeuré, je me rapprochais de papa qui m’avait toujours protégé !

C’est alors qu’il me dit devant son ami et le plus jeune des trois qui écoutaient:

- Fils, mais pour qui se prend ton oncle MINSOMBA MI BATAMAK revenu du pays des autres et qui nous traite de…. ce que vient de réciter ta mère ? Progéniture de vipère ? Fils d’un certain Satan qui n’a pas de nom chez nous ? Ce gars raffole de notre Lieu Saint NGOG LITUBA et pour rien il ne manquera de s’y rendre en pèlerinage. Sait-il toujours que c’est le siège de ses ancêtres qu’il envipérise et satanise ? Ce lieu n’est-il donc sacré, que le temps de sa présence ? 

Il ne garde qu’une once de notre culture en lui. Ce célibataire endurci ne couche avec aucune de ses cousines ici dans le village ; Mais les régions voisines sont pleines d’enfants qui lui ressemblent, ô mystère de ces naissances qu’il n’ignore ! Dans son saint livre que j’ai davantage lu que lui, il est écrit en 1 Corinthiens 7 de son toujours saint Paul, que le célibataire ne doit mourir de désir s’il est au service de son dieu, il doit alors se marier s’il veut goûter au plaisir du corps. 

- AAAAAAH OUI ?

- Fils, Un chimpanzé qui berçait le bébé d’une femme sans mari, disait à celle- ci : 
Je berce mais ne tue pas. C’est ta bouche qui tuera ton enfant. Le reste de l’histoire, tu la connais déjà ! Ton peuple n’a pas l’exclusion dans son code de vie. Ton cousin MINSOMBA MI BATAMAK aura beau être "le père Désiré François" pour les autres, il finira bien par commencer son travail de réintégration. Nos valeurs qui ne l’on jamais exclu l’attendront toujours. Le fils prodigue, c’est qui donc, ô fils mien ?

Et je répondais convaincu :

- C’est lui, papa, c’est mon oncle MINSOMBA MI BATAMAK !