LE GRAAL DE NATHALIE EKWE, HI PODA HI BITJOME

 Je me souviens sans effort de ce temps qui n’est pas encore vieux. Et mon père qui n’a toujours pas refroidi dans sa tombe était en vie. Mais comment refroidirait-il, si mes chaudes pensées recouvrent sans cesse, Dieu merci, nos quotidiennes discussions et ces terres choisies par nos ancêtres pour nous accueillir le moment venu !

 Ces jours-là, il m’entretenait sur les petites choses qui jouent un grand rôle dans la construction des relations durables : un mot, un regard, un geste affectueux. Il me disait qu’inversement, l’oubli répété de ces “petites choses” pourrait aller jusqu’à engendrer de graves problèmes.

Aux choses importantes, même si l’on ne pense pouvoir en réaliser durant toute une vie, me disait papa devant la discrète présence de maman, il faudrait toujours associer ces autres « dites » petites mais aux effets immédiats et de considérable efficacité. Il n’oubliait jamais de parler du HI PODA extrêmement connu dans l’étendue du territoire de « Litén Li Ngok », morceau de viande ou de poisson prélevé d’une  assiette au cours d’un repas et affectueusement glissé dans la bouche de l’autre que l’on surprend : parent, enfant, conjoint ou une fois de plus, ami. On n’est jamais rassasié au point de refuser cette marque d’affection. Tout le monde l’imagine et l’espère, un seul le reçoit à la fois mais de l’un à l’autre, on est vite sorti de table, chacun avec le HI PODA qu’il aura offert ou reçu.

Gardons bien relative la notion d’importance, elle dépend dans une large mesure de l’observateur. Mais retenons de mon père qu’elle concerne l’expression de sentiments affectueux, des traits de personnalité ou de minuscules éléments essentiels à la vie. Pour ceux qui reconnaissent la valeur de l’humain et de l’amitié, rien ne vaut le HI PODA.

 Faute de vous servir l’amie qui dernièrement, dans un réseau social nous proposait de l’aider à choisir une photo pouvant illustrer son album à paraître, en HI PÔDA, je m’en vais vous servir comme elle me l’a aussi présenté, le fruit de plusieurs années de travail de la fille du sable et des eaux du fleuve Wouri : Un disque qui fera et refera parler.

 Si vous êtes touché, ce dont je n’ose douter, par  le talent, le verbe apaisant ou la réparatrice mélodie des compositions de le REINE DOUALA, laissez-vous emporter sans effort vers ces autres mondes où ne rôde aucune ombre d’ennui. Dans son album « LE GRAAL », l’amour et la sincérité de l’artiste d’origine camerounaise Nathalie EKWE semblent rendre la vie aux très chers disparus Francis Bebey, Eboa Lotin et TCHAP’S qui n’est de trop, tout au contraire. Le titre DIKOM LAM semble dédié à ce dernier, mais aussi à tous ces disparus auxquels nous pensons !

 Lorsque vous vous serez procuré, songez à offrir un HI PODA à celui qui vous est cher. Vous aurez à coup sûr fait un heureux. Et le premier dans cette pyramide du bonheur, c’est vous !

                                                                                          Jean Claude NYOUNG