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NJEL BA TADA
8 juin 2015

ENEO, TU NOUS RENDS NOSTALGIQUES !

 

 

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Nous vivions loin de toi, toi encore enfermé dans les profondeurs d’une industrielle matrice qui ne songeait pas encore à accoucher de toi, du moins sous cette dénomination. Nous faisions alors nos provisions de pétrole domestique une fois par mois, le jour du marché qui se tenait dans ce village ou l’autre, selon un immuable calendrier. Un litre, un seul ou parfois deux prenaient place dans le panier qui la veille, avait apporté des noix de palme pour l’acheteur blanc toujours assis derrière sa balance, un gros blanc qui bredouillait toutes les langues de chez nous, tellement il avait visité les moindres recoins de nos villages. Seul paradoxe, on l’appelait (blanc de misère) NKANA LIYEP, ce gros homme, dans cette culture où être gros est pourtant un signe de richesse. Mais jamais comprendra-t-on le langage des hommes d’ici, promptes à tromper la vigilance de leurs hôtes en se frappant la poitrine alors de ces autres qu’il faut toujours recevoir comme des rois. L’hospitalité ici est légendaire.  

 ENEO, te souviens-tu, non mais comment le pourrais-tu puisque tu n’avais encore vu le jour, de nos retraites aux flambeaux le soir de veille du 1er janvier de nos supposée indépendances. Sous la pluie ou dans de violentes tempêtes, des marches bien encadrées par les aînés, pendant lesquels chacun avait préparé son flambeau : un long bâton ouvert en croix sur une extrémité. Il ne restait qu’à y loger une moitié de papaye encore bien verte au centre de laquelle l’on enfonçait un bâtonnet habillé d’une vieille lamelle de tissus, c’était la mèche. ENEO, tu n’étais pas là pour illuminer nos places de fêtes, mais nous fêtions mieux qu’aujourd’hui où tu nous as re…soumis dans les villes, prenant la place de nos chers flambeaux dans nos fêtes.  

Heureusement, tu n’as rien fait pour nos matelas d’herbe couvert d’une natte, nos foyers en bois dont se servent encore nos mères et épouses pour cuire nos plats.

ENEO, tu n’étais pas encore né, tu ne promettais donc pas, mais comment l’aurais-tu pu du fond de ton inexistence, de nous fournir en électricité au fond de nos villages.  Nous faisions avec nos lampes à pétrole, un pétrole parfois de mauvaise qualité qui faisait alors danser la flamme de nos lampes. Nous avons beau chercher dans nos mémoires un villageois qui ne dansait pas de bonheur devant une flamme faisant comme lui, nous n’en trouvons pas. Nos lampes et nous étions heureux.

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